La précocité, le haut potentiel, on en entend parler partout… mais le vivre, c’est autre chose et c’est loin d’être facile. Il faut beaucoup de patience !

Avoir un enfant « précoce« , c’est l’assurance de ne pas avoir de difficultés à faire les devoirs, pas de rabachage de leçons… mais pour autant ce n’est pas un long fleuve tranquille. J’ai trois zébrettes à la maison, et je peux vous assurer que ce n’est pas toujours de tout repos… et qu’aucune n’a les rayures dans le même sens !

Les frustrations chez mes enfants étaient nombreuses et encore maintenant, la gestion des émotions est compliquée. Elles sont très en colère lorsqu’elles ne parviennent pas à faire correspondre la réalité avec ce qu’elles ont en tête.

Les leçons ont toujours été vite apprises. Et encore, c’est parce que j’insistais pour qu’elles prennent de bonnes habitudes. La leçon vue en classe suffisait pour qu’elles la connaissent. Les poésies étaient très vite sues, les listes de mots également,…

La colère engendrée par la répétition des leçons à l’école est difficile à retranscrire. « mais ça sert à rien, on le sait déjà », « on l’a déjà fait la semaine dernière », « mais pourquoi on refait ça!! » et cela pouvait donner lieu à de grosses crises de colère.

L’hypersensibilité est aussi une caractéristique, pas évidente à vivre du tout! Je me rappelle la première fois que sa meilleure amie est venue joué à la maison, une de mes filles a passé presque tout le temps dans le canapé avec ses doudous. Trop d’émotions d’un coup ! Pas facile à expliquer…

La frustration de l’enfant précoce commence dès la maternelle.

Quand il doit écouter les différentes explications des consignes, les répétitions, c’est quelque chose que Mlle P. notamment avait beaucoup beaucoup de mal à supporter. Elle était très sage en classe, mais le défoulement après l’école était intense et sa déception à son entrée en CP quand elle n’a pas commencé la lecture tout de suite…

Pour Miss B. l’entrée en maternelle a été un moment très éprouvant avec de nombreux pleurs de rentrée… passé le premier jour.

Elle avait vu, ça ne lui avait pas trop plu, elle ne voyait pas du tout pourquoi elle devait y retourner. Elle en reparle encore maintenant et nous explique qu’elle n’arrivait pas à se souvenir qu’on reviendrait la chercher le soir…

Je me rappelle aussi la déception quand en CE1, la maîtresse a pour le deuxième fois reporté une évaluation car certains n’avaient pas assimilé la notion. Mlle P. pleurait à l’idée de devoir revoir encore les mêmes notions pendant une semaine.

Elle a fait deux années en une, est arrivée en Janvier en CM1 et en deux semaines a rattrapé tous les cours des mois précédents. Elle a assimilé les divisions et les nombres décimaux. Le reste de l’année a été assez paisible, elle avait de nouvelles choses à apprendre ! Le CM2 a été quant à lui beaucoup moins tranquille puisqu’il n’est que révisions…

Le graphisme, le coloriage, les coloriages magiques sont souvent un vrai problème. Ils en ont fait pleurer une d’insatisfaction car le résultat ne correspondait pas à son niveau d’exigence ou à sa fantaisie.

Alors que sa soeur mettait des heures à parfaire son coloriage magique ou à souligner les mots de son cahier en positionnant sa règle pour qu’elle soit parfaitement parallèle aux lignes.

Pour l’une, son graphisme était loin d’être parfait: elle ne voyait ( et ne voit toujours ) pas l’intérêt de bien écrire alors que « tous les livres sont écrits avec une machine ». On sent qu’il y a une vraie incompréhension chez elle pour cette « perte de temps ».

Ses cahiers sont assez mal tenus, la propreté est un reproche qui lui est fait régulièrement: elle ne comprend même pas pourquoi son cahier devrait être « propre » tant que l’info dedans est correcte (jusqu’à ce qu’elle ait perdu des points sur un e mal fait, pris pour un a!)

Elles sont toutes les 3 en avance scolairement, mais aucune ne l’a vécu de la même façon. Pour l’une, un passage anticipé de la 4e au lycée a été envisagé mais le bouleversement émotionnel que cela aurait engendré a fait que les profs ont abandonné l’idée.

( Et il faut aussi penser à l’après-bac: ce n’est pas facile du tout de chercher un stage quand on a 16 ans et les autres 19 ! )

Et toutes les 3 connaissent par coeur, le « laisse un peu parler les autres », « ah désolé mais pas encore toi » ou encore « alors personne n’a la réponse ? » alors qu’elles lèvent le doigt depuis 5 minutes… ! … qui leur donne l’impression d’être là pour rien ou d’être invisible.

Il faut parfois faire preuve d’ingéniosité pour démontrer l’intérêt d’une matière et donc de l’effort à apporter. Elles apprennent très vite quand elles se donnent la peine de le faire… Un exemple concret ?

Mlle P. a 5 ans n’avait jamais voulu apprendre à faire ses lacets, ni même regarder comment faire, ce qui n’est pas gênant à l’heure des zips et des velcros. Dans un magasin, elle voit une paire qui lui plaît beaucoup avec lacets. Je lui explique que non, vraiment ça ne va pas être possible que je lui fasse ses lacets tous les matins pour aller à l’école.

Sa réaction a été simple: « eh bien montre-moi comme ça je saurai faire… » Je lui ai montré dans le magasin une seule fois, et nous sommes sorties avec les chaussures car elle a su reproduire immédiatement le geste. Et en fait ça a été comme ça avec tous ses apprentissages. pour ses soeurs, ça a été très différent mais le moteur a été le même: l’intérêt porté au sujet. Il faut donc parfois faire preuve d’inventivité ou d’apporter la preuve rationnelle de l’intérêt !

Pourquoi apprendre à bien écrire par exemple ? Aucun intérêt: « je comprends ce que j’écris »… jusqu’à avoir des « fausses » fautes à un exercice d’anglais simplement parce que les e et a se confondaient ! Inutile de dire que depuis, l’écriture s’est beaucoup améliorée.

Gérer ses émotions

Ressentir l’injustice au plus profond de soi, se faire des soucis pour tout et pour tout le monde, se trouver nul, penser qu’on ne sert à rien… Ces émotions sont très difficiles à vivre pour un enfant, et encore plus pour un ado. J’ai trouvé que cette période était vraiment ardue à gérer: l’ado se renferme, on peut moins l’aider à gérer ses émotions puisqu’il refuse de les partager…

J’ai souvent eu l’impression de parler dans le vide, à un mur… Mais heureusement, maintenant je sais aussi que cette période passe. Nous y arrivons pour Mlle P. et je sais que cela ne va pas être facile.

Voir le livre sur la gestion des émotions Développer estime de soi et intelligence émotionnelle de votre enfant

Les méthodes de travail sont très importantes

Il faut les mettre en place dès le début (à leur corps défendant bien souvent)

Aider à la concentration car un cerveau qui bouillonne n’aide pas toujours à se mettre au travail sereinement.

Je n’ai pas de solution miracle à préconiser pour gérer au mieux les émotions des enfants à haut potentiel. Je ne pense pas qu’il y en ait quand je vois à quel point cela a un impact différent sur chacune de mes filles. Par contre, les aider à gérer leurs émotions et à mettre en place une organisation et des méthodes de travail me paraissent indispensables.

En effet, un enfant à haut potentiel va avant tout reposer sur ses capacités qui lui permettent par exemple de connaître ses leçons simplement en ayant écouté en classe en primaire et au collège, d’être capable de faire une fiche de lecture détaillée en ayant lu un livre une seule fois rapidement.

Mais ce qui est vrai en primaire ou au collège ne l’est plus quand les cours sont moins structurés comme au lycée, ou quand les livres sont longs et complexes. Si les méthodes de travail n’ont pas été acquises ou au moins préparées, l’ado va alors se trouver nul, se décourager et parfois même baisser les bras complètement.

Aider son ado à s’accepter tel qu’il est

Alors, ce n’est pas facile d’exiger une méthode de travail de quelqu’un qui apprend tout, tout de suite, mais ça lui sera utile plus tard… en attendant, il faut s’armer de patience en tant que parent et affronter la bataille qui s’annonce !

Mlle P. a toujours su trouver rapidement les résultats des problèmes de maths, le souci était de les lui faire expliquer. D’abord, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait expliquer puisque c’était la bonne réponse, et ensuite… elle n’arrivait tout simplement pas à décomposer son raisonnement. Elle en est donc arrivée à détester les maths alors qu’elle y excelle. Elle est très à l’aise dans les concours de maths (Drôle de maths ou Kangourou) où il faut simplement cocher la bonne réponse.

Ce processus est très bien expliqué dans le livre « Je suis un zèbre et alors » de Catherine Viès-Duffau et illustré par Mathias Debuffé dont est extrait le dessin ci dessous.

Ecoute, écoute et patience…

Mon seul conseil serait d’être à l’écoute, parfois même en extrême vigilance au moment des périodes sensibles comme l’adolescence, un gros changement, etc.

Comme avec tous les enfants et ados mais les émotions étant exacerbées, il faut rassurer encore et toujours, sur ses capacités, sur l’amour qu’on leur porte, revenir même quand on se fait envoyer balader.

Leur montrer avec un raisonnement rationnel (le seul qui a de la valeur à leurs yeux), que ce qu’ils perçoivent comme un énorme défaut, un échec cuisant ne l’est pas (ou pas tant que ça). Bref, leur apprendre que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, que les obstacles seront toujours ici ou là et qu’il faut apprendre à faire avec, et ne pas rester immobile par peur d’échouer.

Et ça semble une chose énorme, d’accepter qu’ils ne pourront pas être parfaits en tout et qu’ils connaîtront des échecs quoiqu’il arrive. (J’emploie le mot échec parce que sur le moment, sur le plan émotionnel, c’est bien de cela dont il s’agit. Il faut avoir digéré l’échec pour être capable de voir qu’on en a appris.)

Le pire étant de les faire travailler même quand le prof ne les aime pas… Et oui, certains enseignants ressentent la différence du haut potentiel comme un danger.

C’est vrai que les enfants peuvent parfois avoir une langue acérée et ceux là détectent la moindre défaillance dans les raisonnements ou les moindres failles de vocabulaire. Pas facile d’être déstabilisé par une petite fille de 6 ans, qui n’a aucun problème à pointer du doigt les incohérences de l’adulte, ou une ado de 15 ans qui parle mieux anglais que la prof…

Il y a heureusement ceux qui détectent même dans une classe de 30 qu’ils ne voient que quelques heures par semaine… et celles-là et ceux là, ils nous sont précieux! Ils vont nous permettre à nous parents de nous sentir épaulés.

Ah, une dernière chose: n’hésitez pas à demander de l’aide si vous n’arrivez pas à faire face et soyez indulgent avec vous-même. Les psychologues sont là pour ça !

ça ne résout pas tout, mais ça aide et surtout ça fait du bien aux enfants.

Je me suis souvent sentie désemparée, ne sachant pas trouver les mots, en décalage et avec le recul, je sais que j’aurais dû le faire plus tôt et sans doute différemment… mais je fais aussi un travail sur moi et je finis par accepter que la perfection n’est pas non plus pour moi…

On fait comme on peut, avec le niveau de connaissances qu’on a à un moment donné.

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